dimanche

Infidélité.

Lorsque je suis partie, je t'aimais encore. Même arrivée là-bas, je parlais de toi avec mon cœur, mes tripes, tu étais en moi. J'aimais parler de toi, de ton calme, de tes colères, de ton côté indomptable... Pourquoi est ce que je parle de toi...de nous au passé ce soir? Est ce un signe? Depuis mon retour je ne cesse de penser à l'Autre. Lorsque je souris à tes côtés, c'est parce que je pense à l'Autre. Si je suis heureuse, c'est que je suis gorgée de souvenirs avec l'Autre. Je n'ai plus envie d'essayer de t'apprivoiser. Je ne sais plus si je t'aime. Pourtant écrire ces mots me fais mal. Tant d'années passées ensemble.

Mais l'Autre est là à présent.

Dix ans que je l'observais. Jusqu'à il y a encore une semaine, je la résumais en couleur (verte, bleue, rouge, noire), en quelques mots (sommets, pics, remontées), en quelques émotions (peur, adrénaline, vitesse )...

Et puis, cette année, elle s'est ouverte à moi. Elle m'a dévoilée ses secrets dans le calme, le silence, la douceur. Aujourd'hui, je ne peux plus la résumer. Elle vit en moi. Sa faune, sa flore, son eau sous toutes ses formes ( glace, neige, torrent, cascades, ...) coule dans mes veines. En la quittant hier matin, chaque kilomètre était un déchirement. Et aucun des kilomètres me ramenant vers toi me soulageait.

Oui, Je te suis infidèle depuis une semaine. Infidèle car je continue à te regarder, à t'écouter, à te sentir, à te toucher, mais ce n'est pas à toi que je pense quand le plaisir est là.

Tu vois, je n'ai jamais voulu te nommer.

Alors ce soir je ne nommerais pas l'Autre.




vendredi

Mon p'tit garçon.


Mon p'tit garçon, je suis là, pose ton oreille contre mon cœur.
Chuuut....je suis là...

Écoute mon p'tit garçon, écoute Ta chanson.
Celle que je te chante tous les soirs depuis ta naissance...que dis-je...depuis que je t'ai senti vivre en moi...

Plus de 1825 fois que je te la chante.
Soit elle t'apaise, ou bien te console, ou t'endort, ou te fait rire...

Elle dit tout de toi, ton histoire, mon histoire, celle de ton Papa, nos voyages...
Il y a toute notre vie dans cette chanson
L'accordéon...les violons...
Mes origines Irlandaises.
Galway, le Mexique, Macao et la Babarde...
La passion de ton Père...celle que je ne nomme jamais...car elle me l'enlève trop souvent...trop longtemps...Mais à chaque fois elle me le ramène...alors je la respecte...le respect d'une femme de marin...d'une fille de marin...d'une petite fille de marin...d'une arrière petite fille de marin...

Mon p'tit garçon, oui je sais toi aussi plus tard....oui..."comme Papa"...et, "comme Papa"...tu apprendra que les filles sont belles quand on les aiment...



Mon p'tit garçon
Auteur : Michel Tonnerre

Dans la côte à la nuit tombée
On chante encore sur les violons
Chez beudeff sur l'accordéon
C'est pas la bière qui t'fais pleurer
Et l'accordéon du vieux Jo
Envoie l'vieil air du matelot
T'fout des embruns au fond des yeux
Et qu'ça t'reprend chaque fois qu'il pleut

Allez Joe fais nous l'Irlandais
Qu't'as appris quand tu naviguais
Pendant ton escale à Galway
Du temps où t'étais tribordais
Du temps où c'était pas la joie
D'veiller au grain dans les pavois
Les mains coupées au l'vent glacé
Sans mêm' la forc' de fredonner

Mon p'tit garçon mets dans ta tête
Y'a des chansons qui font la fête
Et crois moi depuis l'temps qu'je traîne
J'en ai vu pousser des rengaines
De Macao à La Barbade
Ça fait une paye que j'me ballade
Et l'temps qui passe me fait mon vieux
Une bordée d'rides au tour des yeux

Et y'a l' temps qui mouille au dehors
Dans la voilure, y'a l'vent du nord
Les yeux des filles belles à aimer
Et la chanson qui t'fait pleurer
Et même si t'a pas navigué
T'as l'droit de boire avec les autres
T'es quand même un frère de la côte
Et t'as même l'droit d'la gueuler

Mon p'tit garçon mets dans ta tête
Y'a des chansons qui font la fête
Et crois moi depuis l'temps qu'je traîne
J'en ai vu pousser des rengaines
De Macao à La Barbade
Ça fait une paye que j'me ballade
Et l'temps qui passe me fait mon vieux
Une bordée d'rides au tour des yeux

Quand on s'ra soûls comm' des bourriques
On ira chanter sur les quais
En rêvant des filles du Mexique
Des chants des navires négriers
"Hal' sur la bouline, envoyez !"
"Quand la boiteuse va au marché"
"Quand on virait au cabestan"
Et toutes ces belles chansons d'avant

Mon p'tit garçon mets dans ta tête
Y'a des chansons qui font la fête
Et crois moi depuis l'temps qu'je traîne
J'en ai vu pousser des rengaines
De Macao à La Barbade
Ça fait une paye que j'me ballade
Et l'temps qui passe me fait mon vieux
Une bordée d'rides au tour des yeux



lundi

Chandeleur








Oui, je sais ...

Mais le Carpe Diem de la crevette c'est ça aussi...

Aimer et faire partager les paroles d'un Humaniste...


"Je pense de toutes mes forces, qu'il faut s'aimer à tort et à travers.
Je pense de toutes mes forces, qu'il faut s'aimer à tort et à travers."


Julos Beaucarne.

Nuit du 2 au 3 février 1975.